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>> 1er chapitre

Les Ombres de Torino (Les Pousse-Pierres II)

Prologue

 

— Dix minutes avant la station Bêta-17, annonça la voix impersonnelle de l’ordinateur de bord.

Malgré la vitesse et la succession de virages, le compartiment vitré du monorail offrait une vue panoramique parfaitement stable. Le train suivait une ligne d’acier polie entre des roches aux couleurs mates de rouille délavée. Dans le ciel rose sombre, un minuscule soleil brillait sans offrir plus de luminosité que celle d’un crépuscule. Pendant la traversée des plaines désertes de Tharsis, le cône aplati d’Olympus Mons avait grandi à l’horizon. Désormais, au sein de l’étendue de collines fracturées à sa périphérie, le plus grand volcan du système solaire les écrasait de sa masse.

Olympus Mons culminait à plus de vingt kilomètres de hauteur, deux et demi fois l’Everest, et s’étendait sur près de six cents kilomètres. Ses dimensions résultaient des conditions géologiques spécifiques à Mars. Sur Terre, la source de magma profond se serait déplacée sous la surface au cours des millénaires, avec pour conséquence la formation d’une chaîne de volcans. Ici, l’absence de mouvement tectonique avait provoqué l’accumulation d’un bouchon circulaire qui aurait à peine tenu à l’intérieur des frontières françaises. D’autres forces, glaciaires et climatiques, avaient provoqué la désintégration des structures sur le pourtour du cône principal. Le train slalomait au milieu d’un labyrinthe de canyons et de plateaux, bordés par des falaises de six kilomètres de haut d’un côté et des plaines désolées de l’autre.

À l’avant du compartiment, séparé des cinq agents de sécurité par une ligne de sièges vides, Martin Cormant, un homme maigre à la chevelure dégarnie, considérait le chaos minéral sans enthousiasme. La propagande officielle décrivait Mars comme une deuxième chance pour l’humanité, et un futur paradis lorsque la terraformation serait achevée. Parmi la population contrainte d’y travailler et d’y vivre en attendant, rares étaient ceux qui partageaient cet avis.

Un enfer glacé avec la promesse de devenir un purgatoire misérable.

Les agents assis derrière lui portaient des uniformes utilitaires sombres et des ceintures d’équipement. Par contraste, Cormant était habillé d’une combinaison deux-pièces taillée sur mesure dans un tissu satiné de couleur beige. La tenue était froissée d’avoir été portée trop longtemps, mais dans un environnement qui nécessitait l’usage d’un scaphandre plusieurs fois par jour, cette élégance relative l’identifiait comme un cadre important. L’habitacle bascula doucement pour négocier une courbe, la suspension magnétique compensant avec précision les forces latérales. Seuls le grain terne des surfaces intérieures et une légère opacité des vitrages trahissaient l’âge du véhicule. Le train et la voie dataient de la première colonisation de Mars et n’avaient bénéficié d’aucun entretien pendant une longue période d’abandon. Malgré son agacement, Cormant admirait le travail des ingénieurs capables de construire un équipement aussi durable.

Le canyon s’élargit et le monorail prit une trajectoire plus rectiligne. Leur destination apparut, un dôme à demi enterré. Des groupes de modules gonflables semi-permanents éparpillés autour du bâtiment principal et la forme massive d’un processeur atmosphérique complétaient l’installation. Le train ralentit avant de débrayer sur le rail de parking. Il n’aurait pas pu aller beaucoup plus loin de toute façon. Cinq cents mètres au-delà de la gare minimaliste, une barrière et deux engins de chantier bloquaient l’entrée du tunnel dans lequel continuait la ligne du monorail.

— Station Bêta-17, terminus, annonça l’ordinateur. Retour programmé en direction de Tharsis-City dans trente minutes.

— Annulation du retour programmé, dit Cormant à voix haute. Basculement en mode manuel.

L’ordinateur ne répondit pas immédiatement. Il était tentant d’imaginer qu’il soit vexé par le ton sec de la commande. En réalité, la machine ne disposait pas d’une fraction de la sophistication nécessaire pour ressentir la moindre émotion, ou le faire croire. Ses processeurs étaient seulement un peu lents.

— Changement de programmation enregistré. Mode manuel activé.

Bêta-17 ne proposait pas aux voyageurs le confort d’une gare pressurisée. Les passagers enfilèrent rapidement les scaphandres qui les protégeraient du froid et de la pression mortellement basse de l’atmosphère de l’extérieur durant les minutes nécessaires pour rejoindre le dôme. Ils s’engagèrent en deux groupes de trois dans le sas du compartiment. Une fois dehors, ils traversèrent une centaine de mètres de terrain poussiéreux. Le dôme était construit en béton spatial, la variante martienne du matériau de construction universel dans le système solaire. À côté de l’entrée principale, une stèle affichait le code d’identification de l’installation en lettres industrielles blanchies par les éléments :

Station atmosphérique BA-17 – Welcome to Barsoom

L’inscription, comme le dôme lui-même, datait de la construction du camp, c’est-à-dire d’un peu plus d’un siècle. Juste en dessous, beaucoup plus récemment, quelqu’un avait rajouté à la main :

Sucker!

Dans le sas, une soufflerie puissante balaya pendant quelques secondes leurs scaphandres et les parois intérieures pour chasser l’essentiel de la poussière accumulée lors du contact avec l’extérieur. Une fois le nettoyage terminé et une pression normale rétablie, Cormant retira son casque. Une odeur métallique aux accents soufrés agressa ses narines.

— Bon sang, les gars ! s’exclama un des agents. Ça pue encore plus que quand Franck va aux chiottes.

Le chef du détachement le rabroua en lançant en regard inquiet en direction de Cormant. Celui-ci ne fit aucune remarque, plus préoccupé par la raison de leur visite que par les problèmes de discipline. D’une manière générale, Mars ne sentait pas bon. Les désagréments olfactifs variaient suivant les circonstances. Ici, le relent d’œuf pourri provenait de la roche locale, riche en composants soufrés. La particularité minérale constituait d’ailleurs la raison de l’emplacement du processeur atmosphérique, et par voie de conséquence, de la base dédiée à son entretien.

Une fois débarrassés de leurs scaphandres, Cormant et son groupe pénétrèrent dans l’enceinte intérieure. Deux techs considérèrent les nouveaux arrivants avec méfiance. L’aménagement de Bêta-17 n’avait rien de luxueux : un plancher synthétique, inégalement usé et rapiécé par endroits, et des baraquements constitués de blocs préfabriqués et assemblés les uns aux autres. Le plafond du dôme formait un ciel mat de couleur ocre. La climatisation laissait à désirer, et sans doute aussi les installations sanitaires ; l’air était trop sec et des traces chimiques se rajoutaient à l’odeur fétide. Cormant se força à l’ignorer.

— Juliana Emmet ? demanda-t-il au tech le plus proche.

— Bloc administratif, répondit l’homme en indiquant un des baraquements d’un geste minimal. Deuxième à droite.

— Et la salle des communications ?

Le tech désigna un autre assemblage de conteneurs. Cormant fit un signe de tête au chef du détachement qui s’y dirigea à pas rapides, suivi par un de ses hommes.

— Hé ! Vous pouvez nous dire ce qu’il se passe ? demanda le deuxième tech.

Personne ne lui répondit. Deux des agents prirent position devant le sas, bloquant la sortie, tandis que Cormant et le dernier membre du groupe prenait la direction du bloc administratif. Quelques instants plus tard, les deux hommes pénétraient dans le bureau de la responsable du camp, une femme de petite taille aux cheveux noirs coupés très courts. Juliana Emmet avait la peau usée par les années passées dans les environnements artificiels, et certainement pas par un excès de soleil. Le bureau, encombré d’équipements et de casiers de rangement, n’était ni grand ni propre. Un panneau mural affichait l’image d’un sous-bois aux couleurs de printemps. Le contraste avec le reste de la base faisait presque sourire.

— Je vous attends depuis une semaine, commença Emmet d’un ton accusateur.

— Je ne peux pas être partout, répliqua Cormant en évacuant la protestation d’un geste sec. Confirmez-moi d’abord que mes consignes ont été appliquées à la lettre.

Martin Cormant n’était pas réputé pour son caractère chaleureux ou sa bonhomie. Ses collaborateurs découvraient vite une préférence pour l’efficacité et la promptitude d’exécution aux dépens des formules de politesse. Emmet inspira et souffla lentement avant de répondre :

— Black-out complet depuis votre message. Aucun échange avec Tharsis, et pas d’approvisionnement donc. J’espère que vous y avez pensé ? Ça fait trois jours qu’on ne bouffe que des conserves, et je ne vous parle pas du reste.

Le camp Bêta-17 était en phase de reprise d’activité après des décennies de sommeil. Cela signifiait un travail intense de remise en service de matériel et un besoin constant de pièces de rechange et de consommables.

— Sachez que je suis vraiment désolé de perturber votre petit confort, répondit Cormant avec sarcasme. Maintenant, passez-moi la version complète de l’enregistrement.

Emmet posa deux doigts sur la surface du bureau et amorça un mouvement de zigzag, faisant apparaître un menu, puis elle croisa les bras et se cala contre la paroi opposée du bureau. Cormant lui tourna le dos pour se concentrer sur l’écran. Le paysage forestier du mur fut remplacé par l’image sautillante d’une holovidéo de scaphandre. Dans la partie inférieure de l’image, la date, l’heure et plusieurs indications chiffrées se détachaient sur un fond sombre. Dans le coin supérieur gauche, le nom de l’ouvrier à l’origine de la prise de vue était affiché : J. NEESON. L’homme avançait maladroitement le long d’un tunnel de section semi-circulaire assez large.

— C’est celui du monorail, expliqua Emmet. L’équipe initiale a constaté son obstruction par un éboulement. Personne n’a eu le temps de s’en occuper avant la semaine dernière.

Deux faisceaux de lumière se croisaient aléatoirement au milieu d’un nuage de poussière, l’un projeté par la lampe frontale du casque et l’autre par une torche électrique tenue à la main. La visibilité ne dépassait pas quelques mètres. On entendait le souffle d’une respiration amplifiée par le confinement du scaphandre. L’homme marchait à côté des pylônes du monorail. Les travaux de déblaiement expliquaient la densité des poussières en suspension.

— La foreuse a d’abord signalé une roche anormalement dure, continua Emmet. Dans ce cas, la procédure est de chercher un contournement, histoire d’économiser les têtes des tri-cônes ; mais ici, l’obstruction s’est avérée trop large. Neeson a alors ordonné de percer un trou pour sonder le matériau. Cinq minutes plus tard, le système ne signalait plus de résistance. Neeson a relancé la machine pour passer en force. La télémétrie a remonté une anomalie mineure sur un capteur de température, puis une autre plus sérieuse concernant l’entraînement des chenilles, et puis une cascade d’alertes jusqu’à la perte complète des communications.

— Et ensuite ?

— Ensuite, c’est ce que vous allez voir. Si vous m’aviez laissé faire, vous auriez pu visionner cette vidéo depuis votre bureau, ajouta-t-elle.

Cormant lui jeta un regard d’avertissement :

— Moi et peut-être un peu trop de monde.

Après une longue période pendant laquelle la planète avait surtout servi d’avant-poste pour exiler les fortes têtes, les corporations terriennes réinvestissaient en masse dans le processus de terraformation de Mars. La débauche de moyens ne suffisait pas à corriger des années de laxisme. La sécurité et la confidentialité des échanges relevaient de la grande farce, tout autant que le respect de l’autorité. Cormant s’attachait à y mettre de l’ordre depuis sa nomination comme chef de secteur, mais il faudrait du temps avant de retrouver un niveau de discipline satisfaisant.

— Le système d’évacuation des déblais fonctionnait toujours, continua Emmet. Neeson a laissé les machines dégager le passage et puis il est allé voir de lui-même.

Sur l’écran, la progression de la caméra s’était arrêtée face à la masse métallique de la foreuse, immobilisée au milieu d’un amas de débris. Neeson considéra la machine sous divers angles avant d’ouvrir un panneau d’inspection. Il activa plusieurs fois une commande avant de lâcher un juron.

— Panne électrique complète, résuma Cormant. C’est exceptionnel, j’imagine ?

— Absolument. Cette foreuse est flambant neuve, un matériel grangien réceptionné il y a quinze jours.

— Lagrangien ?

Emmet acquiesça :

— Nettement plus fiable que les vieilleries dont on a l’habitude de se contenter. Regardez bien, parce que c’est maintenant que ça devient vraiment bizarre.

Neeson posa sa lampe sur une roche, en l’orientant de manière à éclairer l’ouverture, puis, en continuant de jurer d’une voix monocorde, il prit une clef de démontage qu’il plongea à l’intérieur de la foreuse. Un filament argenté scintilla sur le gant de sa main droite. Simultanément, l’écran afficha une fenêtre de réglage de paramètres pour la caméra. Pendant une fraction de seconde, une mosaïque de menus et de sous-fenêtres apparut et disparut tandis que l’angle de vue s’agitait violemment.

— Qu’est-ce que c’est que ce bordel !

La voix de Neeson n’était plus monocorde, mais stridente et hachée de grésillements parasites. La foreuse se remit en marche et commença à reculer. L’image bascula et se pixelisa partiellement avant de se figer sur la vision d’une main gantée striée de filaments lumineux. Le dernier son identifiable fut celui, caractéristique, du sifflement de rupture d’un joint pressurisé. L’enregistrement prit fin.

— La communication s’est interrompue à ce moment. Il n’y a même pas eu d’activation de la balise de détresse. J’étais dans la salle de contrôle et j’ai déclenché l’alarme générale. Les assistants robots à proximité se sont engagés dans le tunnel et une équipe de secours est partie après eux.

— Vous auriez dû signaler l’incident immédiatement, dit-il. Mes consignes…

— Un de mes hommes était en danger ! coupa Emmet. Dans ces conditions, je décide d’abord et j’applique vos foutues consignes ensuite.

Cormant la considéra pendant quelques secondes, avant de hocher légèrement la tête. Cela ne valait pas la peine d’insister. Si ce qui se cachait au fond de cette galerie de mine tenait le quart des promesses qu’il imaginait, il aurait besoin de collaborateurs efficaces sur place.

Et une chef de station efficace ne reste pas indifférente au sort des membres de son équipe.

Sur Mars, la seule discipline effective était celle qui garantissait la survie dans un environnement à peine moins hostile que le vide de l’espace.

— Un des robots est entré en collision avec la foreuse qui reculait, continua Emmet en soupirant. Sa télémétrie a disjoncté presque immédiatement. Puis une excavatrice est devenue incontrôlable et s’est mise en travers de la galerie avant de provoquer l’effondrement d’une partie du plafond. À partir de là, j’ai arrêté les frais. Il nous a fallu un bon moment pour reprendre le contrôle des machines encore en état. C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu d’autres victimes. Une fois la situation sous contrôle, j’ai condamné l’entrée de ce putain de tunnel et je vous ai appelé.

Cormant resta un moment à réfléchir sur ce qu’il venait de voir. Il sentait le regard d’Emmet sur lui, et son animosité non dissimulée.

— Entre l’incident et la mise en place du black-out, personne n’a quitté le camp ? (Elle secoua la tête.) Vous en êtes sûre ?

— Aucun personnel, ça, j’en suis sûre. (Elle fronça les sourcils et fit apparaître un historique à la surface du bureau.) Par contre, la navette monorail automatique quotidienne pour Tharsis a dû partir à peu près à ce moment-là. Avec la panique, personne ne s’en est rendu compte sur le coup.

Cormant jura intérieurement. On avait beau prendre toutes les précautions et imaginer les pires scénarios, il y avait toujours un grain de sable pour gripper la mécanique.

— Elle transporte quoi, cette navette ?

— Pièces détachées, équipements en panne. Ce genre de trucs. On envoie ça à Tharsis qui répare ou recycle. En retour, on récupère du matériel en état de marche, en théorie.

— Ce sont les robots qui s’occupent de ça ?

Elle acquiesça. À cause du manque endémique de personnel, une grande partie des tâches d’intendance était automatisée. L’intelligence et l’autonomie limitée des robots les cantonnaient à des actions de routine, mais sans eux, la vie sur Mars aurait été impossible. Cormant se tourna vers l’agent qui l’avait accompagné :

— Contactez Tharsis et retrouvez-moi la trace de ce transport. Faites isoler tout ce qui a été en contact, direct ou indirect avec la cargaison. Je veux un rapport complet avant ce soir. Filez !

L’agent quitta le bureau au pas de course. Emmet se redressa :

— Vous allez me dire ce qui se passe, à la fin ! (Elle fit un geste en direction de la dernière image de l’enregistrement sur le mur et posa la question qui devait la hanter depuis le début.) Quel genre de saloperie est capable de neutraliser une foreuse ultramoderne, un homme en scaphandre et un robot en quelques secondes ?

La peur dans sa voix était communicative. La superstition allait se renforcer. Cormant avait beau en savoir plus qu’elle, ce n’était pas facile, même pour lui, de se défaire de l’idée que Mars n’était pas une planète comme les autres. Un taux record d’incidents, parfois inexplicables, et qui remontait au début de l’ère spatiale, avait renforcé le mythe de la planète rouge maudite, sans parler du destin tragique de la première tentative de terraformation. Martin Cormant n’était pas du genre à croire aux légendes. Les lois de la physique ne laissaient pas de place à la magie. Un esprit rationnel trouvait toujours une explication logique derrière chaque phénomène. Ce qu’il avait déjà commencé à faire.

— Quelque chose de dangereux.

Emmet le fixa avec colère :

— Vous saviez…

— Non. Je n’étais sûr de rien et il n’est pas question d’arrêter tous les travaux en cours pour un risque potentiel. La situation a changé. Vous allez stopper toutes les opérations d’excavation autour du camp.

— Sans apport de matériaux, le processeur ne peut pas fonctionner, rétorqua-t-elle. Vous parlez d’abandonner la base.

— Certainement pas. Vous et votre équipe restez en place. La mort de Neeson sera signalée comme un incident de chantier dû à une défaillance de scaphandre. (Il leva la main pour prévenir l’explosion de colère qu’il sentait venir.) Ce n’est pas ce que vous pensez. Je ne veux pas étouffer l’affaire, mais il est vital de garder le secret.

— Et si je n’ai pas envie de protéger votre réputation ?

Il durcit son regard et accrocha celui d’Emmet :

— Vous vous plaisez, ici ?

— C’est une question idiote. Vous connaissez quelqu’un qui se plaît sur cette putain de planète ?

Juliana Emmet ne manquait pas de courage. Elle ne pouvait pas non plus ignorer que Bêta-17 n’était pas le pire des trous perdus de Mars où Cormant pouvait l’envoyer. Les rapports sur le fonctionnement du camp montraient qu’elle était compétente. Son manque de respect pour l’autorité officielle ne le gênait pas, et pouvait même tourner à son avantage.

— Posons le problème autrement, dit-il. Je vais avoir besoin d’une personne de confiance et à la hauteur sur place. Si ce que vous avez découvert tient ses promesses, personne ici ne le regrettera.

Elle lui retourna une expression méfiante :

— Ça veut dire quoi, ça ?

— Ça veut dire que je connais quelqu’un pour qui cette découverte est exactement la solution à son problème.

— Qui ?

— Quelqu’un de puissant.